Pour la première fois depuis longtemps, une deuxième rencontre était programmée. Jusqu’à présent je n’avais pas franchi cette étape, étant convaincue que la première impression est la bonne et que si un dominant ne se contrôle pas, surtout en première séance, il ne peut y avoir de deuxième chance. La confiance se perd très rapidement dans ces circonstances. Le non-respect des limites, du consentement, des pratiques trop dures, et je me braque dans un mécanisme de protection.
En arrivant, j’étais tourmentée par l’ambivalence de ma situation. Il y avait le plaisir de retrouver mon amant, bientôt mon Maître, outre le fait de franchir cette étape vers la construction d’une relation durable et non éphémère. J’y suis prête depuis longtemps ; une relation BDSM étant avant tout une relation, il fallait trouver la bonne personne.
Malgré tout j’avais l’impression de tromper mon compagnon, alors que ce dernier était informé de la rencontre, de ses tenants et aboutissants. Il m’avait vu me préparer pour un autre. J’avais à la fois envie de rentrer chez moi, et l’envie de continuer, de sortir de ma zone de confort pour poursuivre mon exploration, mon apprentissage.
Je l’ai écrit à des amies, qui m’ont rassurée. C’est surtout mon compagnon qui m’a apaisée en quelques mots, dont « amuses-toi, profites ! ».
Bien m’en a pris de ne pas descendre à ma station habituelle.
Nous nous retrouvons à l’entrée de l’hôtel. Je ne sais encore comment l’embrasser et je l’embrasse sagement sur la joue, dans un relent de timidité et questions sur comment me positionner y compris en tant que soumise. Jusqu’à peu le baiser était pour moi un acte très intime, et j’embrassais peu mes amants ; nous ne nous embrassions pas avec mon ex-conjoint…
Je lui fais part de mon stress, et il le sent, mais me rassure en m’indiquant que nous allons pouvoir nous poser, souffler.
Arrivés devant la chambre, dans un grand sourire, il me fait passer devant en m’expliquant que la chambre est particulière. Je m’interroge, imagine une chambre très petite, qui nous empêcherait de faire tout ce qu’on souhaite. En réalité, nous avons été surclassés et c’est une grande chambre vue Seine qui accueillera nos ébats…
La chambre est magnifique. Peu importe le cadre, je sais en quelques instants que je passerais une bonne soirée et que mes doutes ne sont que des réflexes d’une éducation tournée vers la fidélité, la relation unique.
Je pose mes affaires et sans perdre de temps nous ressortons pour aller diner. J’aime sa compagnie, nos échanges, et je me détends. Je me surprends, un peu, à parler BDSM à une terrasse parisienne, mais nos voisins n’ont pas à écouter notre conversation. Au-delà, j’assume, ma liberté, ma soumission, même si tout cela me pose encore parfois des questions, non de principe, mais d’ajustement.
Certaines de mes réactions le font sourire, et il me dira à plusieurs reprises « ne change pas ». Ces quelques mots sont importants pour moi, même si je peux m’améliorer sur certains points dont la confiance en moi, il reste que lui-même ne veut pas me changer, et cela change de nombres dominants qui promettent monts et merveilles, qu’on fera quelque chose de moi et que je serais une « tueuse » notamment sur le plan professionnel (d’ailleurs ne le suis-je pas déjà ? …). La soumission ne me rendra pas plus compétente en réalité… et le but est de prendre du plaisir, d’être épanouie.
Au cours de la conversation, il s’aperçoit que j’ai omis d’enlever ma culotte, alors qu’il y a encore peu c’était un réflexe, la contrainte des transports m’a fait remettre cet accessoire, parfois dispensable, j’écoperais donc d’une punition, à venir …
Nous retournons à l’hôtel, les joueurs de ping pong avec leurs raquettes m’inspirent déjà des sévices…
Nous avions décidé de faire des photographies, alors nous nous attelons à profiter de la suite, du grand fauteuil, de la méridienne… C’est déjà un moment de plaisir et d’échanges, y compris quand de temps en temps, il me prend dans ses bras. Je me sens belle et désirable.
Puis il me fait m’accroupir par terre, fesses en l’air, bras devant moi, la tête sur le sol, offerte, en position d’attente. Je sens alors la douceur et la chaleur des lanières des martinets de cuir suédé sur mes épaules, mon dos, et leur manche posé sur mes fesses. Je patiente ainsi, déjà dégoulinante… Je suis en position de soumission, on pourrait penser que rien ne se passe mais les martinets sont déjà présents, la tension monte. Ce n’est pas un moment d’attente, plutôt une entrée en matière.
Il me fait me relever pour placer les menottes aux poignets et aux chevilles, ainsi parée, les bras en croix derrière la tête, je peux subir les coups de fouet qui viennent chauffer mes fesses. La douleur est plus importante que la dernière fois, est-ce la force des coups ou mon ressenti ? J’aime cette sensation et je souris. Je détends sous les assauts du cuir.
Les coups continuent et je souris toujours. Je suis bien.
Il change d’instrument, pour passer à celui aux lanières carrées, plus acérées. La douleur est difficile à supporter. Je respire et veille à ne pas trop me contracter ; j’essaie de ne pas me dérober, de tenir la position.
La séance continue avec les martinets sur les seins. La douleur mêlée à mon excitation, parfois gênante, me font rire, un rire nerveux, je lâche prise, les nerfs lâchent et j’ai un fou rire alors que je suis frappée…. Je n’imagine pas combien cela doit être perturbant pour lui ; ça l’est déjà pour moi.
Je reprends ma respiration et le contrôle de moi-même.
Alors il me prend dans ses bras, la cravache en main. Je suis protégée dans ses bras, tenue. Je dois compter à l’envers, de 5 à 0, en marquant les temps forts. Qu’est ce qu’un temps fort… celui qui est difficilement supportable ou celui qui est insupportable… ? Je crois que je manque encore de courage, puisque je choisis la première définition. Mais le ressenti de la douleur varie selon les jours, et il est possible que j’aie été plus sensible ce jour-là… Encore est-il que ça aurait pu être plus de coups. Plus fort ou plus long c’est un choix difficile. Les pauses de quelques secondes permettent de respirer, de se détendre entre les coups pour mieux les apprécier.
Et surtout, ce n’est pas fini…
Il me fait attendre, a genoux, mains sur les cuisses, tête baissée, pendant qu’il prépare la suite. Il me fait me relever pour me conduire à la méridienne, je m’installe sur le dos, yeux bandés.
Je sens le froid des chaines sur mon corps. Il sait que j’aime cette sensation, même si elles étaient particulièrement froides, notamment à cause de la clim.
Délicatement, il détache mes bas pour ne pas les filer. Je suis enchainée, jambes écartées, indécente comme je dois l’être, et aime l’être… alors je sens les pinces à seins sur mes tétons, plus « douces » que la dernière fois, elles m’accompagneront quelque temps. Puis c’est une pince en bois, une pince à papier, une autre pince en bois. J’essaie de les distinguer mais c’est difficile. La sensation est étrange, outre une douleur importante, j’ai l’impression que les pinces, notamment celles sur les côtés, me contraignent, me clouent à la méridienne. Je sens à peine certaines pinces quand la douleur se focalise sur quelques points. J’aime cette sensation.
Les pinces sur le sexe sont plus douloureuses, mais là encore certaines plus que d’autres…
Je tremble, les nerfs lâchent, je me détends par la morsure des pinces…
Rapidement, mon sexe devient trop sensible, une question d’habitude peut être… Alors, doucement, il les enlèvera, avant de continuer par celles des seins, non sans immortaliser ce moment. Je souris, je veux que l’on voit mon bien-être à travers ces photos, malgré la douleur…
Alors il me caresse le sexe, me mène au bord de la jouissance et s’arrête. Ça sera pour plus tard…
Libérée des chaines, nous prenons quelques instants de répit.
Il me conduit alors sur le lit, sur le ventre, jambes écartées, à nouveau indécente. Il installe une barre d’écartement entre mes jambes et m’y attache les mains. Je ne peux que m’y cramponner. J’attendais qu’il me frappe à nouveau, c’est un magic wand qui s’approche. Je prends du plaisir mais ne jouis pas, je ne crois pas. Est-ce parce que c’était trop doux, trop fort, ou j’ai le sexe trop sensible à cause des pinces, je suis incapable de dire.
Il insère un plug vibrant en moi, j’aime la sensation, mais les vibrations sont trop subtiles pour que je jouisse, et le plug trop petit également…
Avant de me libérer de ma contrainte, il installe à la place mon plug en acier, lourd et bien présent en moi.
Je me retrouve au sol, à ses pieds, pour le sucer. La fellation est intense, je me retrouve au bord du lit, tête dans le vide pour l’avoir au fond de ma gorge. J’ignore la sensation que cela a pour les hommes ; ce n’est pas des plus agréables mais je ne doute pas du pouvoir excitant de cette pratique.
Il entreprend alors de me lécher, j’aime cela, j’aime son regard à ce moment. Puis il me prend, me baise, j’ai envie à ce moment de lui dire les mots qui sont au coin de mes lèvres, des mots crus que je n’ose dire ; ça viendra…
Nous refaisons des photos, une série de nuit, à la fenêtre, alors que certains se promènent, qu’il y a toujours de la circulation. Je reste hésitante, bien qu’ils ne puissent me voir.
La ville s’endort petit à petit et nous profitons de la nuit.